Ce sujet, Robert Krieps ne l’a jamais perdu de vue depuis la fin de la 2e Guerre mondiale. En 1983, il a écrit un long texte, en fait une analyse du fascisme et du racisme tels qu’ils existaient alors en Europe. Ce texte fut publié dans « Les cahiers socialistes européens » édités par le LSAP.
« Il ne faut pas se leurrer, écrivait-il alors, la démocratie a d’authentiques ennemis. »
Ces ennemis, c’étaient dans les pays de l’Europe occidentale du début des années quatre-vingts des groupuscules qui se réclamaient alors des idéologies d’extrême-droite qui avaient mis l’Europe à feu et à sang.
Des ennemis, la démocratie en a encore aujourd’hui !
Robert Krieps appelait à une vigilance permanente.
A la fin de son analyse, il écrivait :
« Il n’y a pas de raison palpable de craindre que les mouvements fascistes ne puissent sortir demain de leur rôle marginal. Mais il ne faut pas oublier que les réactions autoritaires et fascistes restent possibles lorsqu’aux problèmes économiques et sociaux graves vient s’ajouter la conviction erronée du peuple que la démocratie n’est pas en mesure de les résoudre. Les inégalités sociales, le manque d’instruction, le chômage, les injustices dans la répartition des charges et le sentiment d’insécurité, s’ils ne sont pas le causes uniques sont cependant parmi celles qui favorisent l’éclosion et la prolifération des idéologies provoquant des réactions irrationnelles de peur, d’humiliation ou de vengeance.
Une plus grande justice sociale, une meilleure éducation et une coopération internationale respectueuse des droits des peuples sont les meilleurs moyens pour prévenir le fascisme et le racisme. »
Cette analyse de 1983, à bien y regarder, reste valable un quart de siècle plus tard.
Et au moment de voter dimanche prochain pour le Parlement européen, il faut se rappeler que ces élections ne sont pas un exercice anodin ni vain, mais un droit démocratique que chacun doit utiliser pour résoudre nos problèmes communs.
De plus il n’y va pas seulement de quelques personnalités et de quelques postes, mais de l’orientation politique de notre continent : une Europe où les nations collaborent, au lieu du chacun pour soi, une Europe où le droit règne, et non des énergumènes cagoulés aux kalachnikovs, une Europe où des normes élevées s’imposent partout, et non le dumping social, une Europe de la solidarité, et non celle du mépris.
Ben Fayot